A la bande-annonce.fr, on rigole doucement sur le prétendu scandale du salaire des acteurs français « dévoilé » par Vincent Maraval (distributeur & producteur chez Wild Bunch) et qui enflamme toute la profession depuis maintenant une quinzaine de jours.

Il s’étonne qu’un Dany Boon puisse toucher des cachets faramineux depuis son triomphe « ch’tiens » au Box-office… ben voyons!

Tout d’abord, rappelons que le cinéma français est principalement financé par les chaines de télévision qui ont obligation de reverser dans la production ciné une partie de leur chiffre d’affaire, c’est « l’exception culturelle » à la française qui permet au cinéma hexagonal de résister à la force de frappe des studios hollywoodiens. Ces chaines de télévision préfèrent investir leurs sousous dans des oeuvres qui auront tendance à faire un gros audimat lors de leur diffusion tv. Elles préfèrent donc les films à gros budgets ainsi que les têtes d’affiches plutôt que les films d’auteurs avec des acteurs inconnus. C’est donc elles qui quelque part fixent le salaire de nos stars…

Ce système à ses vertues et ses limites: un financement privé de toute la filière du côté positif, un retour sur investissement souvent famélique du côté négatif… en même temps, peu de personnes y perdent au final. Les acteurs sont grassement payés (tout du moins les têtes d’affiche, pour les autres, c’est une autre histoire), les producteurs (dont les émoluments sont calculés en fonction du budget global d’un film) s’y retrouvent, et les chaines ont des blockbusters à proposer à leurs téléspectateurs.

Bien sûr tout ceci continuera de fonctionner tant que les chaines se verront contraindre d’alimenter la filière en reversant une partie de leur CA… ce qui ne durera peut-être pas éternellement. En effet, les scores à l’audimat des films sont en perpétuel baisse et le législateur ne pourra pas toujours imposer aux chaines d’offrir à la filière cinéma cette belle dot… Que ce passera-t-il ensuite? Dieu seul le sait…

Ensuite, la comparaison entre les salaires des acteurs français comparés à ceux leurs homologues US est pour le moins simpliste. La valeur marchande d’un acteur, d’un réalisateur, ou d’un scénariste outre atlantique n’est basée que sur les résultats de son dernier film. Ce système n’est pas très enviable car pas ou peu de nouveaux venus arrivent à percer, ce qui met à mal le processus créatif et la diversité du cinéma dans son ensemble.

Enfin, last but not least, il faut bien que Dany puisse continuer d’emmener régulièrement dîner sa chère et tendre à la maison du caviar en laissant les clefs de son Aston Martin au voiturier…